Armande Pigeon est une reine de l’entourloupe. À Bruxelles, elle a du mal à joindre les deux bouts parce qu’elle parie sur tout et n'importe quoi, et finit toujours du mauvais côté de la chance. Lorsqu'un soir elle fait équipe avec Ronnie, ils ne s’arrêtent plus de gagner. Mais quand on a une série gagnante, il faut savoir s'arrêter au bon moment.
Histoire de pigeons
Les réalisateurs Harpo et Lenny Guit nous emmènent dans une errance nocturne bruxelloise et précaire à travers une mise en scène désordonnée, presque chaotique, à l'image de leur personnage principal : Armande Pigeon, incarnée magnifiquement par Maria Cavalier-Bazan (Prix d'interprétation féminine à Namur).
Armande est un tourbillon d’emmerdes : grande mytho, joueuse maladive, endettée, sans emploi, sans logement, et toujours prête à se jeter dans de petites magouilles jusqu’à toucher le fond. Sa vie se résume à grappiller des fruits pourris au marché du Midi, prendre une douche chez une copine, voler des trucs chez cette même copine, manger gratuitement au resto, passer des auditions bizarres ou encore découvrir le milieu des casinos. Pour elle, la vie est un instant fugace : pas la peine de se tracasser pour l’avenir. Cette liberté alimente une relation d’amour-rejet avec beaucoup de personnages masculins du film, mais chacun finira par se brûler au contact de cet électron libre. Son seul lien affectif : un pigeon recueilli au tout début du film.
Derrière ce personnage de parasite égocentrique monté sur piles, il y a une certaine forme de tendresse qui fait que, malgré sa déraison, on s'y attache.
Au fil de ses errances et de ses plans foireux, elle rencontre Ronnie (Axel Perin), le séducteur ganté aux aisselles jaunâtres ; Lazare (Melvil Poupaud), le joueur compulsif aux cheveux gras ; ou encore Delphine (Catherine Ringer), la logeuse à la famille lilloise chtarbée.
Armande fait systématiquement les mauvais choix, et c’est dans cette spirale infernale que le titre prend tout son sens : une quête insensée où perdre semble être la seule issue possible.
Un film vitaminé, à la fois absurde et touchant, porté par un humour décapant.
